BLOND, le coup de maître de Frank Ocean

Voilà maintenant six ans que Frank Ocean a dévoilé “Blond” son dernier album. Il n’a, depuis, jamais cessé d’être considéré comme un des albums les plus importants de la décennie passé. Voyons alors ce qui rend Blonde si particulier.

Après quatre longues années d’attente, Frank, qui s’était fait plus que discret, réapparait lors d’un mystérieux live sur Apple Music. De là, s’en suit une épopée qu’on ne finit plus de conter. Avec la construction de cet intriguant escalier durant plusieurs jours les fans ne savent plus où donner de la tête. Puis un beau jour… « Endless » sort seulement sur le dit service de streaming.

Un "pseudo album" fait de throwaways qui ne sert finalement qu’à honorer ses contrats avec Def Jam et Universal avec qui il est en conflit depuis longtemps. C’est ainsi, sans prévenir, que Christopher Breaux décide, le soir même, de remettre de l’huile sur le feu en sortant le clip du désormais iconique « Nikes ».

Que penser de tout cet enchaînement ? Eh bien son public n’a eu que peu de temps pour y penser puisque le jour suivant sort « Blond », "vrai" second album de Frank Ocean. Ce stratagème lui permet de diffuser son chef d’œuvre sous son label « Boys Don’t Cry » . Cette histoire pourrait à elle seule rendre cet album iconique mais c’est loin d’être le seul point important

UNE APPROCHE MINIMALISTE

Exit les refrains enjoués de « Sweet Life » et les ambiances soul. Frank a, avec “Blonde”, chamboulé son identité musicale en faisant de ses morceaux des œuvres déstructurées, minimalistes et psychédéliques. Il y troque les synthétiseurs rocambolesques de « Pyramids » pour de touchants accompagnements de guitares ou de piano. En témoigne « Ivy ».

Les rythmes lents et les instrumentales épurées laissent à l’artiste tout le loisir d’explorer ses souvenirs de jeunesse, doutes et troubles. Sa profonde sincérité et les envolées vocales laissent forcément sans voix. Par moment néanmoins il retrouve le chaos, sur le début de “Pretty Sweet”, avec le voix pitchée de “Nikes” ou encore sur la fin fracassante de “Ivy”.

Bien qu’arborant un casting de haut standing , le Californien fait le choix de laisser parler son projet avant tout. Aucun des collaborateurs n’est mentionné que ce soit Beyoncé, Kanye West ou encore André 3000. Ils sont, par ailleurs, souvent fondus dans les pistes produites entre autres par James Blake, Pharrell ou Buddy Ross.

SON INCLUSIVITÉ

Un autre aspect important est l’inclusivité de l’album. Après deux projets à s’exprimer sur sa sexualité, il reste ici bien plus vague et implicite. Une ambiguïté constante permettant au public de s’identifier plus facilement sans barrières de genre.

Ce flou se retrouve même dans le titre, écrit « Blond » sur la pochette il est pourtant bien estampillé « Blonde » sur les plateformes de streaming. Frank Ocean ne dépeint pas ici qu’un autoportrait mais le visage d’une génération entière souhaitant s’affranchir des étiquettes.

SON INFLUENCE SUR LA MUSIQUE ACTUELLE

Au‑delà de ses prises de risques et de positions, “Blonde” a impacté une génération entière. L’album laisse derrière lui une trace indélébile. Elle est toujours visible dans le paysage musical notamment avec son comparse de toujours, Tyler, The Creator. La sortie d’IGOR en 2019 a prouvé l’impact qu’a eu “Blond” dans sa musique. Il y a de manière évidente les voix pitchées de « IGOR’s Theme » ou « Boyfriend ». D’un autre coté les thèmes abordés dans “Blond” ont pu aider Tyler a enfin s’ouvrir émotionnellement.

Kevin Abstract, leader du collectif BROCKHAMPTON a également été grandement influencé par lui. Il n’a jamais caché son affection pour Frank et cela s’est toujours ressenti, que ce soit dans les thèmes abordés et l’aspect “alternatif” de sa musique. Cependant, son influence est visible d’autant plus dans le paysage RnB. Brent Faiyaz, et sa sincérité déchirante ou SZA, et ses interludes intimistes à la manière de « Be Yourself » et « Facebook Story », dans le très autobiographique CTRL.

Des liens plus évidents se morcellent dans l’œuvre de Daniel Caesar, parmi laquelle “Freudian” où l’on retrouve la chanson éponyme clôturant l’album. La structure et la longueur du morceau est quasi identique à « futura free », un hommage subtile à l’artiste l’ayant le plus inspiré.

CONCLUSION

Pour conclure, l’album a su marquer son époque de par ses multiples choix aussi bien marketing que musicaux. Blonde est un cocktail d’innovation et de prises de risques réussis sure lequel il faut prendre son temps. Une chose est sûr, il vieillit déjà comme un bon vin.

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